Une journée de congé... (Libre)

Quoi de mieux qu'une journée de congé par un temps ensoleillé? Ian se baladait dans le parc les mains dans les poches, profitant de ce beau soleil. Il aimait venir ici quand les autres travaillaient et qu'il n'y avait presque personne. Non, il n'y pouvait rien, il n’aimait pas vraiment la compagnie. Souvent, il s’était demandé pourquoi. Sans doute cela remontait-il à son passé. Il avait vécu pas mal de moments difficiles et, entre autre, ne s’était jamais remis de la mort de Becka. Ils avaient été ensemble un an avant… Avant qu’elle ne parte. Il n’avait plus jamais aimé quelqu’un comme il l’avait aimée elle. Les autres semblaient fades et sans intérêt. Oui, c’était principalement depuis ce moment-là qu’il était devenu si sombre. Il n’était pourtant pas tombé du mauvais côté des gens d’ici, non ! Il avait résisté. Résisté à la tentation de tout détruire, de tuer quiconque passait à côté de lui, de frapper pour le moindre mot de travers. Il ne voulait pas, il ne pouvait pas tomber dans la violence. Elle ne le voulait pas. Elle qui était si jolie, si douce, pacifiste aussi, comme lui. Ces sombres pensées venaient un peu gâcher son ciel bleu. Il les chassa donc, se disant qu’il fallait profiter du beau temps, que bientôt il ne serait plus là. Il arriva près de l’étang et y vit des canards. Il sourit, repensant une fois de plus à elle. Ils venaient souvent ici tous les deux, donner à manger aux canards. D’ailleurs, l’un d’eux était un habitué. Ian le reconnaissait parce qu’il avait une sorte de bavette grise que les autres n’avaient pas. Il s’était souvent demandé s’il était possible de domestiquer un canard sauvage. Il aimait bien celui-là, probablement parce qu’il était différent des autres. Il s’approcha et le canard l’aperçut. L’homme s’accroupit et l’animal vint à lui en faisant ses coin-coins de canards, réclamant du pain. Ian rit et montra ses mains vides.

« Désolé p’tit gars, mais j’ai rien. » dit-il

Le canard ne sembla pas comprendre et le regarda d’un air interrogatif. Le voyant un peu dépité, il fouilla ses poches au cas où il y aurait oublié un quelconque biscuit. Coup de chance, il avait un morceau de gâteau dans un sachet plastique qu’il avait emmené au journal la veille mais qu’il n’avait pas mangé. Il le jeta au canard qui se précipita pour le manger. Cela fit sourire Ian qui se coucha, les mains sous la tête. Le sol était en pente à cet endroit, c’était parfait pour se reposer. Il soupira d’aise et ferma les yeux. La lumière à travers ses paupières le faisait voir rouge et il trouvait cela amusant. Soudain, il y eut une ombre noir sur ce rouge et il ouvra les yeux. Quelle ne fut pas sa surprise de voir le canard à côté de lui, qui le regardait de sa petite hauteur. Ian rit, ce qui effraya un peu l’oiseau qui se saisit et s’écarta vivement. L’homme tendit doucement la main vers l’animal. Peut-être bien que les canards sauvages pouvaient se faire amadouer, finalement.

« Viens, n’aies pas peur ! » murmura-t-il

Mais sans succès. L’oiseau n’osait plus s’approcher de lui, du moins pas maintenant. L’écrivain se recoucha, pensant que cela pourrait être un sujet intéressant de livre. L’homme et le canard. Un roman qui pourrait l’inspirer. Bah, il y penserait en rentrant. Là, il avait besoin de repos. Le remord de l’inspiration lui vint et il se redressa, prit un bout de papier et nota son idée. Il était comme cela. Quand il avait une idée mais qu’il ne la notait pas tout de suite, il avait peur de l’oublier alors il la notait quand même. Tous les supports étaient bons, papier, sous-verre, nappe en papier, feuille d’arbre, etc. L’inspiration n’attendait pas. Satisfait, il se recoucha et écouta les bruits de la nature.

Bientôt, il entendit des bruits de gens. Dérangé, il regarda sa montre. Le temps était passé très vite, il était déjà l’heure de la sortie des cours. Vu le beau temps, tout le monde allait venir. Il hésita à s’en aller mais se dit que, s’il y avait trop de bruit, là, il s’en irait. Il n’allait pas gâcher une journée ensoleillée pour des caprices d’asocial.