S. Liltih Carter_Don't trust me

Je détestais cette impression de passer à côté quelque chose d’important, pourtant c’était exactement ce qui m'arrivait. Je sentais que tout ne se déroulait pas comme d’habitude, les règles semblaient avoir changés en cours de partie. Je participais toujours à notre petit jeu, pourtant l’ordre des choses avaient été suffisamment bouleversé pour que je m’en rende compte, mais pas assez pour que j’en saisisse la portée. Je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus, mais il y avait dans notre dispute quelque chose de différent. Je n’aurais su dire pourquoi je pensais cela, mais quelque chose clochait. Il était le même, et en même temps il semblait qu’il n’était pas exactement celui que j’avais quitté sur une dispute avant le week end. Je sentais qu'il avait des réponses à mes interrogations, mais même si cela me brûlait la langue j’étais bien trop fière pour lui demander quoi que ce soit. Surtout que je ne savais pas vraiment quelles questions posaient. Et puis ce n’est pas comme s’il m’aurait répondu. Il m’aurait plutôt ri au nez et m’aurait certainement dit que cela ne tournait pas rond.

« C’est précisément ce qui fait mon charme, mon intelligence et mon humour. Comme quoi je suis l'homme idéal pour toi Blackwood! »

Cette phrase m’avait un peu calmée en même temps que cela m’intriguait. L’homme idéal pour moi. J’avais d’abord eu envie de rire à cette affirmation, comme toujours il se montrait particulièrement arrogant. Mais, le sourire qu’il avait eu pour accompagner cette affirmation m’avait profondément déstabilisée. Je ne comprenais toujours pas ce qui se passait ! Pourquoi ses paroles semblaient posséder une signification que j’étais incapable de saisir ? Je fronçais les sourcils montrant clairement mon incompréhension.

« Très amusant. C’est vrai que nous nous supportons tellement bien…Tu es autant l’homme idéal pour moi que je siis la femme idéal pour toi ! Je me demande même comment une telle pensée a pu te venir. »

J’ignorais la façon dont mon cœur s’était serré et tentais de ne pas paraître triste à l’idée qu’il ne soit pas fait pour moi. Je m’étais déjà questionnée sur qui pourrait être celle qui l’assagirait, mais rien que l’idée qu’un jour il trouve quelqu’un m’avait amené à ne plus repenser à cela. La seule chose qui me réconfortait était que jusqu’à aujourd’hui aucune de ses conquêtes n’avaient trouvé grâce à ses yeux. A chaque seconde, je considérais donc que c’était un sursis de plus. C’était aussi pourquoi je ne pouvais me résoudre à arrêter nos disputes. On avait tenté de me dissuader de l’agresser ou de répondre à ses provocations, mais c’était plus fort que moi. Pendant quelques minutes, j’avais toute son attention seulement pour moi.
Alors que je prenais toute la mesure de la situation, je me rendais compte à quel point j’étais pathétique ! Apparemment, il m’avait fallu cette nouvelle dispute pour ouvrir les yeux sur mon comportement et mes sentiments. Je n’aimais pas du tout les conclusions que je tirais de tout cela. Je ne pouvais pas, il était hors de question que je…l’aime. Cela ne pouvait pas être LUI !

Honorer ?! J’émis un bruit étrange, entre le sifflement furieux et le hoquet étranglé. Est-ce qu’il tentait de me faire perdre mon sang froid ? Je n’avais jamais autant eu envie de tuer quelqu’un. Je sentais ma patience s’effritait peu à peu. Lentement mais surement, mes nerfs lâchaient. Je souhaitais plus que tout faire disparaître son sourire suffisant et tant qu’à faire le supprimer lui tout court. C’était ça où il allait finir par me rendre dingue. C’était fou quand même qu’il ait toujours parfaitement su quoi dire pour me rendre folle de rage en moins de quelques secondes. Il avait sur moi un effet vraiment particulier. Il était la seule personne à faire ressortir ce côté sauvage.Pour tout le monde j’étais calme et discrète, pour mes amies, j’étais délurée et extravagante, mais avec lui je devenais carrément cinglée. Je me souvenais particulièrement bien avoir broyé la main d’un de mes camarades de classe qui s’était amusé à me dire qu’entre nous c’était incroyablement intense et passionné, et qu’il nous verrait bien ensemble. Qu’au moins avec nous le dicton « entre la haine et l’amour il n’a qu’un pas » prenait tout son sens. Il avait immédiatement regretter ses paroles.

« Voyez-vous ca. L’idée que je t’enlève tes vêtements t’es si désagréable que cela ? »

« Pourquoi te focalises-tu sur moi. Tu devrais te demander pourquoi me déshabiller est une telle obsession pour toi ! Pourquoi tiens-tu tant que cela à m’enlever mes vêtements ? Je pensais qu’avec toutes tes pouf’ tu auras de quoi être satisfait ! »

J’avais accepté de faire le point sur moi, mais je n’acceptais que lui tente de me percer à jour. Il n’avait pas à me questionner ainsi. Je détestais le frisson qui m’avait traversé quand il s’était rapproché, tout autant que la voix qu’il avait prise. J’avais l’impression d’être une souris face à un serpent ; hypnotisée par le chasseur qui lui faisait face.

« Si tu es si sure de toi, pourquoi est ce que tu es autant sur la défensive ? »

« Je ne suis pas sur la défensive !» J’avais insisté sur chaque mot et crachais cette phrase avec rage. Je fermais les yeux un instant, le ton avec lequel je venais de le dire contredisait totalement mon affirmation. Mon impulsivité m’avait desservie. Il allait être sur que je mentais maintenant. Bien qu’à vrai dire, je mentais depuis la première seconde où je lui avais parlé. Je continuais à lui mentir et me mentais par la même occasion. Je tentais de reprendre une expression neutre alors qu’il était prêt, bien trop prêt de moi.

« Et pourquoi ne pas avoir nié que tu puisses être jalouse ? »

Je n’écoutais presque plus ses paroles tant j’étai déstabilisée par cette proximité. Je n’osais presque plus respirer tant j’étais perturbée. Ne connaissait-il pas la notion d’espace personnel ? Etait-il obligé d’empiéter sur mon espace vitale ? Une fois de plus, j’eus envie de me gifler en me rendant compte que je ne faisais rien pour reculer ou pour le faire reculer. J’étais bien trop occupée à profiter de ce moment. J’essayais en vain de réveiller ma combativité, mais ce ne fut qu’une faible protestation.

« Je ne vois pas pourquoi j’aurais nié, cela ne valait même pas la peine que je réponde à une telle divagation… » Ce n’était pas trop mal, mais j’avais perdu mon ton mordant et avais parlé avec plus de lassitude que de fureur.

« Qui est ce que tu crois berner Alana ? Moi ou… Toi ? »

« Je n’essaye pas de berner qui que ce soit… » J’avais perdu toute envie de continuer cette dispute. Je n’étais plus perdue, j’étais carrément à la dérive. Je le regardais avec incertitude, pour la première fois depuis que nous nous disputions je ne savais pas quoi répondre. Certes j’avais dis quelque chose, mais nous savions tout deux que ce n’était pas une vraie réponse, mais juste une façon de faire croire que j’avais encore un peu de contrôle sur notre conversation. Il m’avait poussée dans mes retranchements, je n’arrivais plus à trouver quelque chose à dire pour me voiler la face. J’avais envie de partir d’ici et de me cacher sous ma couette pour pleurer. Pour la première fois, je me sentais complètement démunie durant une de nos disputes.

« Je crois que tu as gagné, je ne vois quoi rajouter d’autre…Je crois qu’on s’est tout dit, c’était là le point d’apogée de nos disputes… » Je sentais les larmes me gagner, mais cette fois j’ignorais si je pourrais les contenir. Je ne voulais pas qu’il le remarque, même si je savais que mon ton tremblant n’avait pas du lui échapper.

« Je te laisse savourer ta victoire, à partir de maintenant je ne t’ennuierais plus !» Je baissais la tête, m’avouant vaincue. C’était une façon de ne pas lui montrer mon expression décomposée et de ne pas voir son air satisfait. Cela aurait été plus que je n’aurais pu en supporter. Il pourrait ainsi partir sans se soucier de moi, moi je resterais là le temps de réaliser à quelle point j’étais stupide puis je rentrerais chez moi. Je prétendrais avoir était malade ! Après tout ce ne serait pas si éloignait de la vérité que cela, je devais être malade pour ressentir tant de choses paradoxales pour lui. Je n’aurais jamais cru qu’une telle intensité soit possible autant dans la haine, qu’en amour. J'attendais qu'il bouge et me laisse, préférant le voir partir avant de bouger à mon tour.